Introduite en 1985 par Clifford Pinchot dans son désormais best-seller(1), la notion d’intrapreneuriat a, depuis, profondément irrigué la littérature comme les pratiques managériales. Dans un contexte de besoin d’innovation, mais aussi de recherche de leviers d’engagement à proposer à leurs talents, les organisations trouvent en effet dans l’intrapreneuriat une dynamique vertueuse à de nombreux égards, analysée à ce titre en détail dans une étude de France Stratégie. Un rapport riche d’enseignements, qui lève le voile sur les compétences essentielles à développer pour libérer de façon optimale le potentiel proactif des salarié·es.

L’intrapreneuriat : un levier d’innovation et d’engagement pour l’organisation

Dénommé “corporate entrepreneurship” dans la littérature anglo-saxonne, l’intrapreneuriat rassemble les démarches visant à promouvoir l’esprit d’entreprendre des salarié·es, appliqué à l’exercice de leurs missions dans l’organisation qui les emploie.

Au sein des groupes ou des grandes PME, l’intrapreneuriat correspond souvent à la mise en place d’incubateurs internes d’innovation, permettant à des équipes de prendre ensuite leur envol sous forme de start-up. Il peut aussi se concrétiser sous forme de projets innovants saisis par certains services ou équipes internes, alors en charge de leur gestion de façon quasi
entrepreneuriale.

De façon extensive, l’intrapreneuriat correspond aussi aux projets, parfois plus informels, consistant à valoriser la créativité, l’expression, la prise d’initiative et l’autonomie des talents, quels que soient leur poste et leur métier. Objectif : qu’ils
et elles développent et réalisent leurs projets de façon proactive, chacun·e à leur niveau, au service de l’amélioration des produits et des procédés de l’organisation, servant ainsi, in fine, la performance collective.

Moteur d’innovation et de renouveau stratégique aujourd’hui essentiels à la compétitivité de toute entreprise, la dynamique intrapreneuriale constitue aussi un puissant levier d’attractivité et de fidélisation des salarié·es. Invité·es à partager une expérience professionnelle valorisante (capacités à générer de nouvelles idées, à travailler en équipe, à créer, et à générer de la valeur ajoutée), ils et elles peuvent tirer de cette opportunité un sentiment d’appartenance, de confiance et d’engagement renforcé.

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Activer le potentiel d’innovation de ses salarié·es : des soft skills essentielles qui restent à développer

Convaincue que l’intrapreneuriat est un des principaux moyens au service de l’innovation, de la compétitivité et de la croissance des entreprises, l’institution France Stratégie a récemment conduit une enquête d’envergure (2) afin d’identifier les compétences nécessaires au développement des profils d’intrapreneur et d’intrapreneuse.

Et selon les résultats de cette étude, les compétences essentielles en la matière ne relèvent pas de la technique ou du métier, mais sont principalement des compétences transversales de nature socio-comportementale : des soft skills telles que la curiosité, l’ouverture d’esprit, la capacité à travailler en équipe, la persévérance, la créativité ou l’empathie.

L’attention portée au développement de ces soft skills est d’autant plus décisive que les observateurs français(3)s’accordent à
reconnaître globalement un manque encore patent d’adéquation entre les compétences transversales des salari·é·es et celles que leurs postes requièrent… En cause notamment, la focalisation des actuels dispositifs de formation initiale et d’évaluation sur les capacités techniques, au détriment des compétences “non cognitives”, par définition complexes et multidimensionnelles…

La formation professionnelle : un maillon décisif pour renforcer les soft skills intrapreneuriaux

Face à ce constat, les conclusions de l’enquête de France Stratégie sont sans appel : il est essentiel de former et d’accompagner davantage les personnes dans la prise de conscience, la mobilisation et la légitimation de leurs soft skills. “Certains profils sont déjà en posture d’innovation, de par leurs dispositions sociales et leurs expériences. À juste titre, dans un monde où les enjeux de transformation se révèlent déterminants, il devient primordial de former le plus grand nombre à acquérir les compétences nécessaires à une dynamique de changement et à la conduite d’une démarche de transformation(2).

Un enjeu qui concerne autant la formation initiale que la formation continue : “ il y a en effet un besoin de prolonger la formation aux soft skills de l’innovation tout au long de sa vie et dans la variété des situations rencontrées dans le cadre professionnel(2). Des efforts à poursuivre sont à cet effet identifiés du côté de la formation professionnelle, dont les programmes doivent encore davantage permettre d’innover et d’agir avec efficacité dans un environnement en mutation.

En ce sens, un socle de soft skills de base a été identifié à l’occasion de l’étude conduite par France Stratégie :

  • les compétences nécessaires pour s’inscrire dans un projet collectif : l’empathie cognitive (pour comprendre les besoins des différentes parties prenantes à un projet), la capacité à communiquer ou encore la capacité à collaborer avec les autres ;
  • les compétences essentielles pour projeter le changement et se positionner face à l’inconnu : capacités à converger et à diverger, pensée rationnelle, réflexivité ;
  • les compétences qui permettent de passer de l’idée à l’action : extraversion, persévérance, ouverture à la nouveauté, tolérance à l’ambiguïté.

La promotion sereine et efficace des dynamiques d’intrapreneuriat suppose évidemment la réunion d’autres conditions, parmi lesquels son déploiement dans un environnement capacitant : atmosphère de confiance, diversité et complémentarité des profils des équipes, ou encore encouragement et accompagnement adaptés du management de proximité… c’est-à-dire un management lui-même formé à savoir identifier, mobiliser et valoriser suffisamment les soft skills intrapreneuriaux de ses équipes.

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Sources

  • (1) Gifford Pinchot,Intrapreneuring: Why You Don’t Have to Leave the Corporation to Become an Entrepreneur, Harper & Row, New York 1985.
  • (2) France Stratégie, Les soft skills pour innover et transformer les organisations, Document de travail mai 2022 (enquête qualitative consuite auprès de 126 professionnel·les, et enquête quantitative conduite auprès de 269 professionnel·les : intrapreneurs, startuppers et managers « classiques »).
  • (3) Conseil national de productivité, Productivité et compétitivité : où en est la France dans la zone Euro ?, juillet 2019.